Zach, they're here
Dans un de ses billets, le Vioc vous parlait d'un jeu pas comme les autres: Deadly Premonition. Et comme il le précise, c'est moi qui lui avait dit d'y jeter un oeil. D'une part parce qu'il a souvent des goûts pourris, et que ce pauvre garçon a donc besoin d'orientation. Et deuzio, car ne possédant pas de Xbox 360 et ne parlant pas japonais, j'avais besoin qu'il se prenne le jeu pour ensuite me le prêter avec sa console. Faut savoir être pratique dans la vie.
J'étais vraiment tout excité à l'idée de l'essayer, ce jeu. J'en entendais parler depuis quelques semaines, et si je n'avais pas eu de solution alternative, j'aurai peut-être acheté la console de Bill rien que pour ça. Tout ça pour un truc décrit à l'unanimité comme visuellement gerbant, avec un moteur de jeu faisant regretter les années 90, et à la jouabilité inconcevable.
Eh ouais.
Mais il y avait aussi autre chose qui semblait ressortir des critiques; un jeu avec une véritable personnalité (une chose de plus en plus rare), le potentiel pour une petite merveille, des persos au charisme de ouf...
Les tétons sont cachés, çaypabien.
Ce qui est "bien", c'est que les défauts les plus décriés sautent à la gueule dès les premières minutes de jeu. Avec la première des trop nombreuses phases de shoot/survival. Histoire de tout de suite se mettre en condition. Ok, ça va être moche, pas de souci, et la caméra est collée au cul du personnage, bon ça pourrait être pire, et en parlant de son cul, tu ne verrais pas un bout de balai en sortir, ça expliquerait la rigidité de ses mouvements...
Bre, on va souffrir, que ce soit dit. Mais les plus belles découvertes se font dans la souffrance. Et puis j'ai triché, j'avais un pote à la maison et je lui ai vite filé la manette pour qu'il me débarrasse de ces zombies dégueu et chiants à viser. Puis au bout d'un moment la lumière arrive (si vous ne saviez pas que les phases survival se passaient toujours quand il pleut c'est que vous n'avez pas lu le billet du Vioc, shame on you), et le meilleur du jeu commence. On rencontre les autres personnages, et on commence à s'habituer à celui qu'on incarne (Francis York Morgan, mais vous pouvez l'appeler York, tout le monde le fait). Et ouais, ils sont tous clairement très classes. Surtout York, avec ses manies, son charisme, son confident invisible (Zach) avec qui il discute films d'horreur, les signes qu'il voit dans le café. D'ailleurs, ils sont tous barrés à Greenvale, ce que l'on découvre vite à travers les phases d'exploration. Ces phases sont le point forts du jeu, son essence, même. Pouvoir se promener dans la ville, interroger les habitants, les espionner, exécuter les nombreuses quêtes secondaires qu'ils ont en réserve. Et ne jamais oublier de dormir un peu, de se raser, et de bouffer (au commissariat le midi, c'est mieux, histoire de discuter avec les collègues). La ville du jeu semble tout sauf factice, on s'y sent bien présent.
Et si vous êtes fan de David Lynch, vous allez vite vous rendre compte de quelque chose. C'est que Deadly Premonition est une adaptation officieuse (mais pas forcément subtile) de Twin Peaks. Presque chaque personnage y a son équivalent. Les deux intrigues sont plus que similaires au début. Et plein d'autres petits détails dans le jeu continuent de faire référence à la série.
Je sais, c'est pas une référence à Twin Peaks...
Mais alors, vous demandez-vous, c'est un bon jeu ou pas au final ? La réponse est oui. Mais c'est aussi une putain de déception devant le potentiel gâché.
En dehors des défauts déjà cité (et qui font partie en quelque sorte du charme du jeu), d'autres trucs sont parfois assez frustrants. Les phases d'exploration déjà, c'est sidérant de se rendre compte que Swery (le créateur du jeu) a donné à tous les habitants de la ville de véritables routines ponctuées d'évènements intéressants. Ce que vous ne découvrirez que si vous vous laissez porter par votre curiosité car Deadly Premonition n'est pas un jeu où il faut se presser, il y a beaucoup à faire à Greenvale sans que ce soit obligatoire pour le scénario. En suivant un personnage, certains joueurs sont tombés sur des scènes leur permettant de découvrir l'identité du tueur bien avant la fin du jeu. Mais d'un autre côté, on peut regretter que quelles que soient les information importantes sur lesquelles ont peut tomber, cela n'influe en aucune manière sur l'intrigue principale.
Un autre truc un peu désespérant est la répétition de certains mécanismes ad nauseam. Par exemple les créatures collées au plafond pendant les phases de survival que l'on met trois plombes à buter avec une méthode super barbante. Où les séquences de course-poursuite avec le tueur où on matraque le joystick jusqu'à suer à grosses goutter et qu'on subit en plus de QTE bien cruels (le concept lui-même est pas con, mais poutain que c'est dur, et trop c'est trop).
Et je préfère ne pas parler des boss. Pour la plupart, c'est un déluge de mauvais goût totalement hors contexte et overzetop. Beurk.
Mais le jeu reste aussi attachant qu'il est raté. Certains moments sont purement épiques (et n'ont pas à rougir face à du Kojima par exemple), les twists sont géniaux, et le gameplay est aussi bancal qu'inventif. Mais là où j'ai remarqué à quel point le jeu m'avait marqué, c'est que j'y pensais presque 24h/24 encore plusieurs jours après l'avoir terminé. Des scènes sont gravées dans ma tête, et des musiques aussi, ce qui ne m'était pas arrivé à ce point pour un jeu-vidéo depuis quelques années.
Alors si vous voulez une véritable expérience de gamer, c'est ce jeu qu'il faut essayer.
Et York mérite d'avoir sa place au panthéon des meilleurs persos de jeu-vidéo ever !
Zach est d'accord avec moi.
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