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29 novembre 2010

Lawyering and going crazy in Boston

Et si nous causions de David E. Kelley.

Bon d'abord, une bio express du monsieur, express car je ne suis pas wikipedia.
David E. Kelley est né en 1956 dans le Maine. a été avocat pendant plusieurs années à Boston (voilà pourquoi la plupart de ses séries mettent en scène des avocats et se passent à Boston, incroyable, non ?). Il est à présent, et depuis le milieu des années 80, producteur, créateur et scénariste de séries télé. Accessoirement, il est aussi marié à Michelle Pfeiffer (bah quoi, c'est important...).

Kelley est clairement l'un de mes showrunners préférés vu que trois de ses séries sont dans mon "Top Masterpieces" (c'est comme un top 10, mais sans nombre défini, parce que je l'ai décidé). C'est-à-dire Ally McBeal, The Practice, et Boston Legal. Je parlerai également de Boston Public puisque j'en ai vu l'intégralité, mais je suis moins fan. Oh, et je suis certain d'avoir vu pas mal d'épisodes d'une de ses séries plus anciennes, Picket Fences, à l'époque où elle était diffusée en France (sur TF1 de mémoire)
, mais vu que je n'en ai aucun souvenir assez précis pour aligner trois mots, je m'abstiendrais d'y faire référence.

Alors, allons-y dans l'ordre chronologique.


Ally_Mc_Beal


Série diffusée pendant 5 saisons entre 1997 et 2002, Ally McBeal est un petit bijou d'écriture déjantée. Les personnages sont tous plus tarés les uns que les autres, ont des hallucinations, entendent des chansons dans leurs têtes, voient Barry White... Mais ce sont aussi de jeunes avocats aux méthodes peu orthodoxes mais efficaces.
Ally McBeal est l'une des premières séries dont je suis tombé sous le charme (je devais avoir  peu près 12 ans à l'époque). Et la revoir aujourd'hui est encore un pur plaisir (pour les 4 premières saison en tout cas). Kelley sait rendre ses persos attachants et complètements originaux une fois qu'on a accroché à son univers. Les scènes comiques peuvent vous faire hurler de rire et les scènes touchantes peuvent parfois vous faire verser une petite larme. Certains personnages sont devenus mythiques et restent bien présents dans les mémoires aujourd'hui, comme John Cage, qui a besoin d'entendre Barry White dans sa tête pour se sentir en confiance, dont le nez siffle quand il est vexé, qui dit "Poughkeepsie" quand il commence à bégayer, et qui donne les meilleures et plus bizarres plaidoiries jamais vues. C'est LE rôle qui a vraiment rendu Peter MacNicol légendaire. Mais il ne faut pas non plus oublier Ally et ses hallucinations, Richard et ses "Passons" dès qu'une discussion ne lui plait pas, Elaine et ses inventions plus débiles les unes que les autres... Une véritable galerie de déglingués (mais le sont-ils tant que ça ?) aussi comiques que touchants. Et puis des chansons aussi, beaucoup, et moi j'aime bien, ça  me met de bonne humeur.
Ah, et puis une série qui a Roberts Downey Jr parmi son cast pendant toute une saison ne peut être que géniale. Franchement pendant un temps il vole la vedette à tout le monde.

Le concept que tient Kelley avec son contexte juridique et ses persos assez "extrêmes" lui permet en outre de faire dans chacune de ses séries une sévère critique de la société à travers des thèmes revenant souvent dans les différents shows. Comme le droit à la vie privée, la sexualité (au sens très large), la religion, bref tout le bazar habituel mais avec des points de vue souvent légèrement décalés, et le système de procès permettant de belles confrontations d'arguments.

Pendant que j'y pense, il faut aussi parler des défauts de Kelley. Par exemple il existe un terme chez les fans de séries télé pour décrire un perso qui disparaît soudain d'une série sans explication, le terme est "kelleyrisé". En effet le scénariste fait parfois disparaître des personnages secondaires sans qu'on ait trop compris ce qui leur est arrivé. Genre  "tiens on la voit plus la secrétaire qui avait été introduite (ahem) il y a trois épisodes, ah bah non, kelleyrisée, pouf". Un autre problème de Kelley, qui a un lien avec le premier, c'est que lorsqu'il ne kelleyrise pas un petit nouveau, il lui arrive parfois de le surexposer, et ainsi d'oublier les personnages déjà établis (l'un des nombreux problèmes de la dernière saison de Ally McBeal).
Je pourrai également dire qu'au fil des ses différentes séries, il y a parfois eu du recyclage d'idées, mais quand on parle d'un monsieur ayant écrit plus d'une dizaines de séries différentes (ce qui correspond à plusieurs centaines d'épisodes), je trouve ça pardonnable, perso. Du moment que ça ne plombe pas l'une des séries dans son intégralité.

En même temps que Ally McBeal, Kelley showrunnait une autre de ses création, à l'ambiance bien différente: The Practice.



key_art_the_practice


The Practice est en effet beaucoup plus sombre que Ally McBeal (et que les autre séries de Kelley que je connais également). Une bonne partie des procès sont des affaires de meurtre, viol, ou liées à la drogue. Ce qui tranche avec les cas souvent loufoques et plus "légers" (sur un plan juridique, au moins) de sa série sœur. La folie joviale
(©myself) n'a pas sa place ici. Bien que la série se permette souvent de la légèreté et de l'humour, on reste dans un drama plus qu'autre chose. La troupe d'Ally se plaisait à s'imaginer comme des enfants jouant à l'avocat, et ne désirant pas particulièrement grandir. L'équipe de The Practice, menées par l'avocat Robert "Bobby" O'Donnell elle, vit dans un monde d'adultes, plus cruel et plus retors (ce qui n'est pas la même chose que de dire que la série est plus adulte). Je me souviens d'un épisode en particulier qui monte bien le ton très différent tons entre les deux shows, c'est un épisode de la saison 6 où le défendant est un schizophrénique croyant être Superman et ayant tué quelqu'un par accident. Là où chez Ally, le ton serait principalement resté dans la comédie, avec quelques scènes plus touchantes montrant la gravité de la situation, ici on reste dans le sérieux et le dramatique tout le long.
Un autre aspect important de la série est de souvent mettre sur le tapis le sujet de l'éthique. Ces avocats défendant souvent des meurtriers et autres criminels, et les défendant du mieux qu'ils peuvent, ils utilisent parfois des méthodes douteuses. Comme leur fameux 'Plan B" qui consiste à faire porter le chapeau d'un meurtre à un autre protagoniste du procès, juste pour que le jury puisse mettre en question le fameux "doute raisonnable" qui s 'il existe, ne permet pas de déclarer l'accusé coupable dans la loi américaine. D'autres problèmes sont soulevés, tels que  le privilège avocat-client (le secret professionnel, quoi), le fait qu'un avocat peut laisser son client dire tout ce qu'il veut à la barre du moment qu'il n'est pas certain que c'est un mensonge, et bien évidemment la conscience. Et plus précisément, les problèmes de conscience. Vu que ces avocats permettent tout de même parfois à des criminels de repartir libre. La conscience professionnelle doit-elle surpasser l'opinion personnelle ? Sur la longueur,  c'est laissé à la libre interprétation du spectateur.

The Practice nous offre des affaires épiques, des cas passionnants se déroulant à multiples reprise sur plusieurs épisodes. Je dirais même que, contrairement aux autres séries de Kelley, les procès (et le contexte juridique en général) sont ici plus importants que les personnages.Ceux-ci ne sont tout de même pas oubliés, avec plusieurs storylines personnelles, d'ailleurs souvent liées aux affaires de la firme. Au fil des 8 saisons, les personnages perdent tout de même une partie de leur substance et de leur charme, malheureusement. Mais comme je l'ai déjà dit, Kelley n'est pas le plus doué pour le suivi et l'évolution de ses persos. 
8 saisons, c'était donc peut-être un peu trop. Bien que la série arrive suffisamment à renouveler l'intérêt, je placerai personnellement son apogée en saisons 5 et 6. Et même avant ça, il y a parfois cette impression de voir certains éléments se répéter. Mais heureusement, cela ne dure jamais trop longtemps. Et bien que la dernière saison ne puisse pas objectivement être qualifiée parmi les meilleures de la série, je la surkiffe pour certaines raisons. Car elle fait office de pont entre The Practice et Boston Legal, en introduisant le personnage d'Alan Shore, joué par James Spader (et plus tard l'intro de Denny Crane, mais on parlera plus longuement de lui plus tard). Alan est un avocat prêt aux pires magouilles et à tous les coups bas, et semble n'avoir aucun remords du moment qu'il arrive à ses fins (qui ne sont pas toujours dépourvues de noblesse). Un perso classe, quoi. En plus de ça, il est très drôle, a un côté barré qui fait plus penser aux acolytes d'Ally qu'à ceux de Bobby, et son énergie donne un sacré dynamisme à cette dernière saison, qui devient du coup plus le "Alan Shore Show" qu'autre chose (surtout avec à peu près la moitié du cast principal kelleyrisée entre la saison 7 et la saison 8). Je ne sais pas trop ce qu'en ont pensé les téléspectateurs à l'époque, mais ayant personnellement découvert Boston Legal et ce personnage avant The Practice, j'ai totalement adoré le voir faire ici ses premières armes. Et ouvrir la porte (en même de temps de donner le ton) à ce qui deviendra ma série préférée de David Kelley (mais on n'y vient pas tout de suite). Ainsi, même si la série se termine dans une ambiance légèrement différente que ce qu'elle arborait jusque là, au moins la dernière saison est un bon bol d'air frais et de fun. Ce qui n'empêche d'ailleurs pas des moments touchants, et une jolie conclusion.

Ah, et pendant que j'y pense, un petit mot pour dire que la liste de guest apparus dans The Practice est tout simplement magnifique pour n'importe quel fan de séries télé (et même de ciné); John Laroquette, William Shatner, C.C.H Pounder, Vincent Pastore, John C. McGinley, Lisa Edelstein, Tony Danza, Sharon Stone, et Michael Emerson entre autres. Un beau panel.



bostonpublic



Passons maintenant vite fait sur Boston Public.

Vite fait, car de toutes les séries de Kelley que j'ai vues, c'est la seule dont je ne suis pas très fan.
Eh ouais, je dois l'avouer, j'ai été bien déçu. Pourtant la première saison commençait plutôt pas mal. Le contexte (la vie d'un lycée) est rendu intéressant et assez original puisqu'on s'intéresse au quotidien des profs et de l'administration plutôt qu'aux élèves. Et puis le casting était très sympa, Chi McBride rulez !
Au niveau des intrigues, c'est pas vraiment dépaysant, un mélange des problèmes récurrents qu'on peut trouver dans un lycée et des questions juridiques/éthiques/religieuses qu'on retrouve habituellement dans les séries de Kelley. Par contre, j'ai été un peu étonné au niveau du ton, parce que pour une raison bizarre, je m'attendais à quelque chose proche de The Practice, alors qu'en fait on est presque plus proche de Ally McBeal. Pas mal de moments léger, des chansons partout, du WTF, et autres dérive parfois nawakesques.

Donc pour la saison 1, tout ça marchait plutôt bien. Mais ensuite, les "tics" de Kelley, que j'accepte plutôt bien dans ses autres séries, ont commence ici à me gonfler sérieusement. L'accumulation des problèmes que rencontrent les élèves et les profs devient parfois lassante dans son côté overzetop. Les nouveaux profs qui apparaissent toutes les douzaines d'épisodes (pour souvent être kelleyrisés pas longtemps après) sont à 90% bien fades. Et pour les persos qui restent, il y a  vraiment un trop mauvais suivi au niveau de leur évolution. J'ai également trouvé que le show avait par moment trop tendance à tomber dans le soap facile (dans le genre éculé) et chiant
Ah, et pour finir, ça a beau ne durer que 4 saisons, Kelley a quand même réussi à trop abuser du recyclage d'idées (que ce soit des intrigues du show lui-même reprises plus tard, ou des idées exploitées dans les autres séries du monsieur). Un comble !

Donc pas super, même s'il y a quelques bon moments, et Chi McBride.



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Boston Legal, c'est un peu la rencontre entre la folie de Ally McBeal et le côté juridique plus poussé de The Practice. Et comme je le disais un peu plus haut, c'est mon Kelley show préféré. Il n'est tout de même pas exempt de défauts, par exemple la kelleyrisation y va à bon train, les procès durant plus d'un épisodes ont tendance à être un peu chiants, et on n'est jamais à l'abri d'un peu de répétition de la part de Kelley. D'ailleurs la combinaison de tous ces défauts avait bien entamée la série au début de sa quatrième saison (sur 5 en tout), mais elle s'en est remise.
Et c'est normal, car Boston Legal, ça poutre. La raison tiendrait presque en deux mots; Denny Crane. Interprété par un William Shatner (oui, oui, Captain Kirk dans Star Trek) de plus de 70 piges, Denny est un avocat co-fondateur de la firme  au centre de la série; Crane, Pool, and Schmidt. C'est un anciens grand avocat ayant remporté des tas d'affaires (en fait, il dit lui-même qu'il n'en a jamais perdu une seule), mais vit aujourd'hui sur sa gloire passée. Sa réputation est même la seule raison pour laquelle il garde son poste et que tout le monde accepte ses loufoqueries parfois très étranges. Comme le fait de répéter son nom juste pour intimider ses adversaires, ses oublis assez fréquents, le fait qu'il saute sur tout ce qui a une paire de seins, ses propos parfois racistes ou homophobes dont il ne réalise pas la portée, il lui arrive également de tirer sur des clients... Oh, et bien évidemment tout ça est rendu hilarant à la fois grâce au talent de scénariste et dialoguiste de Kelley (et sa team, j'imagine) et au jeu de Shatner qui est en état de grâce pendant l'intégralité de la série. Franchement, il révèle ici des talents de comique (et de comédien) dont j'ignorais jusque là l'existence. Et on pourrait remplir un recueil avec ses citation méritant toutes d'être cultes. Le personnage se révèle également extrêmement touchant, surtout quand il se rend compte qu'il perd pied (étant même effrayé d'être atteint d'Alzheimer), entre parfois à nouveau en état de grâce en tant qu'avocat, ou encore en rapport avec la profonde amitié qui le lie à Alan Shore.
Car sans Alan, la série ne serait pas ce qu'elle est. Il ne suffit pas d'un personnage pour rendre une série si bonne. De deux non plus, pour être franc mais le duo Alan/Denny reste le ciment de Boston Legal. J'ai déjà décrit Alan plus haut, il me reste à dire que lui aussi saute sur tout ce qui bouge et que son côté "chien fou" le fait souvent, volontairement, avoir le rôle de paria. Dans le sens où il se met souvent en porte-à-faux avec la firme et ses collègues qui le considèrent comme un "original", dans le sens péjoratif du terme la plupart du temps, ce qui lui sied totalement. Cet élément le rapproche de Denny, lui aussi souvent considéré avec mépris comme un excentrique. Mais c'est difficile d'expliquer avec des mots à quel point cette série peut être drôle, alors voilà un lien vers une petite vidéo ici.
Il y a aussi beaucoup de points qui opposent Alan et Denny, le premier étant un démocrate libéral alors que Denny est un conservateur fana d'armes à feu. Cela sert également assez souvent au ressort comique, mais est aussi parfois utilisé pour de belles confrontations d'idées comme on pouvait en voir dans The Practice. Les longues plaidoiries d'Alan Shore sont également de petits bijoux de rhétorique.

Mais comme je le disais, deux excellents personnages ne suffisent tout de même pas à faire une grande série. La galerie de persos secondaires de Boston Legal est également superbement fournie. Jerry Espenson et son syndrome d'Asperger, Shirley Schmidt qui est la seule avec Alan a pouvoir "contrôler" Denny et prétend être une garce en tant que patron, Denise Bauer qui est belle à pleurer, Carl Sack et son côté faussement coincé... Bref, malgré les changements de cast assez fréquents, il y a toujours à boire et à manger. Et en parlant de cast, justement, l'une des fraicheurs de la série est d'avoir un sacré panel d'acteurs principaux ayant tous passés la cinquantaine. Un fait d'ailleurs surligné dans un épisode, car la série aime briser le quatrième mur fréquemment. Cela change d'une part des autres séries  judiciaires de Kelley mettant en scène de jeunes avocats, mais aussi et plus largement des séries télé en général, où un casting à base de jeunes gens sexys est la coutume. Et encore une fois la farandole de guests fait vraiment très plaisir; Tom Selleck, Scott Bakula, Ruper Everett, Heather Locklear, Freddy Prinze Jr (vraiment excellent dans ses trois épisodes), et Michael J Fox (grandiose) entre autres.

Boston Legal est donc la meilleure série comique pour ceux qui, comme moi, aimeraient que la vie soit un peu plus folle. Car c'est véritablement l'ode de Kelley aux tarés, aux originaux, à ceux qui ne se conforment pas au moule imposé par la société. Une ode qu'il avait déjà commencé des années plus tôt avec une avocate qui préférait avoir des hallucinations plutôt que d'avoir l'air aussi triste que le reste des gens.


Et si jamais vous avez des questions:

 
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