Le slip fait le héros
(je ne suis une référence ni en Grant Morrison, ni en Superman, je ne pense pas avoir encore lu assez de comic-books pour prétendre à ce titre, et si la review qui suit semble parfois prétendre le contraire, c'est juste que j'aime me la péter, bonsoir)
Le comic-book dont je vais causer cette fois-ci est All Star Superman.
En 2005, DC Comics lance la marque "All Star" dont le concept est de
permettre à certains auteurs de raconter l'histoire de personnages
mythiques de l'univers DC sans se soucier de la continuité. Ils ont plus
ou moins carte blanche. Pour Superman, c'est Grant Morrison qui s'en
est chargé, pour un run de 12 numéros.
Si mes histoires sont trop biens, c'est parce que je suis le vrai Lex Luthor !
Morrison, c'est un peu un "nouveau dieu" (si on a tendance à parler
comme Neil Gaiman) dans le mondes des comic-books. Comme tous les bon
roxeurs, il vient du Royaume-Uni (de l'Écosse pour être plus précis).
Ses premiers travaux professionnels datent des années 80, et je ne vais
pas en parler car je ne les connais absolument pas. Je sais juste qu'il a
bossé sur les comics Doctor Who et qu'il a créée un truc qui s'appelle
"Zenith" et a très bonne réputation. Il est ensuite arrivé chez DC où il
s'est vite fait remarquer par son style très particulier mélangeant
éléments surréalistes, déconstruction du mythe de super-héros,
métaphysique, et autres joyeusetés. Il fait ainsi partie de la "Brit
Wave", cette arrivée de plusieurs auteurs de comics très talentueux dont
fait également partie Alan Moore. Il a d'ailleurs touché un peu à
toutes les boîtes au fil des années (Marvel, DC, Vertigo...).
Voilà
pour la mise à jour sur le génie chauve. Et si ça ne suffisait pas, ce
"All Star Superman" est en plus dessiné par Frank Quitely, collaborateur
de Morrison sur pas mal de travaux et dont le trait est beau à pleurer.
Donc retenez: Morrsion/Quitely = duo magique !
Et maintenant, on va enfin pouvoir parler de Superslip.
L'histoire commence fort puisque suite à un nouveau plan machiavélique
de Lex Luthor, Supes reçoit plus de radiations solaires que son
organisme peut le supporter. Et, suite à ça, ses jours sont comptés.
Oui, le pitch c'est: SUPERMAN VA MOURIR.
Mais c'est l'homme d'acier
dont on parle, donc il va pas mourir comme une merde, il aura douze
travaux à accomplir avant cela, ce sont des voyageurs venus du futur qui
le disent, alors on peut leur faire confiance.
Et c'est à travers
ces 12 épreuves que Grant Morrison va nous raconter l'histoire qu'il
veut vraiment, c'est-à-dire: QUI EST SUPERMAN ?
Superman est "The Man
of Steele" (l'homme d'acier), non seulement parce que sa force est
sans rivale, mais aussi parce que sa volonté est sans faille. Il
n'abandonne jamais, il sauve ou s'efforce de sauver tout le monde, que
ce soit Lois, Jimmy Olsen, une jeune inconnue sur le point de se
suicider, ou même Lex Luthor qui vient pourtant de signer sa fin. Et
s'il fait tout ça c'est parce qu'il est aussi...
The Man of Tomorrow
(l'homme de demain), un être qui pense plus loin, voit plus loin. Qui
voit le meilleur en chacun en fait. Un être capable de communiquer avec
les bizzaros (chez qui toute logique est inversée) et de les faire
travailler en tant que communauté. Superman utilise son cerveau avant
d'utiliser ses muscles. Et sa compassion est sans limite. Ce qui au
final, fait de lui...
L'espoir. Celui d'un monde meilleur. De gens
meilleurs. Pas en tant que sur-hommes mais bien grâce à leurs qualités
humaines. Quand Supes est appelé l'ultimate boy scout, il faut lire
ultimate humaniste, car c'est ce qu'il est.
(petite parenthèse pour préciser que la vision qu'a Lex Luthor de Big
Blue est aussi traitée, c'est à dire un fasciste dont l'humanité se sert
comme béquille, et un super-homme qui n'est même pas un homme, Lex
transpire de charisme dans ce comic il faut le savoir)
He's Got the Whole World in His Hands (air connu)
Et toute cette étude ne serait pas la même sans tous les petits trucs
délirants et magnifiques dont nous abreuvent Morrison/Quitely au fil des
pages. Comme les supermen du futur, le baiser de Supes et Lois sur la
lune, le sun-eater, Zibarro, et un Luthor toujours de plus en plus
machiavélique.
Alors ce n'est peut-être pas l'histoire ultime
(mais elle n'a pas encore écrite je pense, et je compte les superbes histoires de Moore dans la balance) de Superman. Certains éléments
auraient mérité un peu plus de matière telle la relation Lois/Clark
(voir Clark tout simplement), et la toute fin m'a fait retenir ma
respiration, pensant que quelque chose d'autre allait venir (ce qui est à
la fois une qualité et un défaut en fait). Mais c'est tout de même ce
que j'ai lu de plus pointu (et de plus beau) sur le personnage. Ses
lettres de gloire en quelque somme.